Après avoir obtenu mon diplôme en économie de l'Université de Bâle en 1979, j'ai commencé à travailler pour Les Fils Dreyfus & Cie SA, Banquiers
M. Guth, vous êtes l’un des membres de l’Association les Hénokiens, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
> Andreas Guth : Après avoir obtenu mon diplôme en économie de l'Université de Bâle en 1979, j'ai commencé à travailler pour Les Fils Dreyfus & Cie SA, Banquiers. Mon père, le professeur Hans Guth, était président de la banque et professeur de statistique et d'économétrie à l'Université de Bâle. Après un apprentissage de deux ans dans différents départements de la banque, j'ai passé deux ans et demi à la banque Lazard de Londres et de New York. Notre banque a eu pendant des décennies une relation très productive avec Lazard. De retour à Bâle, j'ai passé de nombreuses années à travailler dans le département dénommé les «Etudes Financières» qui s'appelle aujourd'hui «Kunden und Anlagen» (Clients et Investissements). Après être devenu président du comité exécutif en 1991, j'ai rejoint notre conseil d'administration en 1996. À la retraite de mon père, je suis devenu président exécutif du conseil. Mes deux cousins, Alexis Blum et Pierre Dreyfus, sont tous deux vice-présidents de notre conseil d'administration. Ma femme Ines Guth-Tschopp et moi avons trois enfants adultes et je suis le grand-père d'une fille et de cinq garçons.
Pouvez-nous présenter votre entreprise et ses activités ?
> A.G. : En tant que l'une des plus anciennes banques privées de Suisse, nous tenons depuis sept générations notre engagement d'assumer la responsabilité du patrimoine de nos clients. L'accent est mis sur la préservation à long terme et la croissance axée sur le risque des actifs qui nous sont confiés. Nous nous considérons comme un partenaire stratégique pour nos clients. La relation avec nos clients s'étend souvent sur plusieurs générations. Ce sont la confidentialité, la continuité et les solutions sur mesure qui sont les pierres angulaires de cette relation à long terme. Avec un ratio de fonds propres multiple des exigences statutaires, nous sommes en mesure de garantir l'indépendance et l'avenir à long terme de notre banque ainsi que les actifs qui nous sont confiés.
Quels sont pour votre entreprise les faits marquants de ces dernières années ?
> A.G. : Certainement la célébration de nos 200 ans en 2013. Ce fut un grand événement avec toute la «famille Dreyfus» présente, c'est-à-dire les membres de la famille, les employés ainsi que tous les retraités et leurs conjoint(e)s. Avec eux, nous partageons une œuvre d'art appelée «INTEGRITY», créée par l'artiste conceptuelle italienne Anna Scalfi Egenter. En plus de cela, nous avons créé une fondation caritative à des fins culturelles, sociales et éducatives qui reçoit des contributions annuelles sur les résultats de la banque.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vos projets majeurs à plus ou moins longs termes ?
> A.G. : Il n'y a pas de grand projet spécifique en particulier. Par contre, de nombreux projets moins importants sont généralement réalisés sur plusieurs trimestres. Certains visent à fournir des solutions optimisées pour les divers besoins de nos clients ou à développer nos méthodes de gestion de portefeuille pour intégrer de nouvelles découvertes économiques financières. D'autres sont nécessaires pour s'adapter aux enjeux stratégiques et réglementaires tout en visant à préserver notre haut niveau de qualité de service et à garantir notre indépendance.
Quelles sont les raisons qui peuvent expliquer la longévité de votre entreprise ?
> A.G. : Nous nous sommes toujours concentrés non pas sur la standardisation et la croissance à tout prix mais sur la fourniture de solutions sur mesure pour nos clients. Travailler dans ce créneau nous permet de coopérer plus étroitement avec nos clients et, en retour, cela augmente leur fidélité envers nous.
L’extraordinaire longévité de votre entreprise constitue-t-elle un argument dans la relation avec vos clients ?
> A.G. : Absolument. Cela se traduit à travers nos clients souvent avec nous depuis la deuxième et la troisième génération, mais pas uniquement car il en est de même pour notre personnel. Et, soit dit en passant, c'est également notre finalité pour tout ce qui concerne les perspectives d'investissement.
Les valeurs traditionnelles qui font la force de votre entreprise constituent-elles également un atout en matière de recherche et d’innovation ?
> A.G. : Oui. Nous ne faisons que des choses que nous comprenons et que nous pouvons expliquer à nos clients. Nous n'utilisons pas une boîte noire mais des méthodes facilement compréhensibles.
Quels sont, selon vous, les pièges les plus importants auxquels votre entreprise doit faire face pour conserver son indépendance ?
> A.G. : Grandir trop vite et se diversifier trop rapidement.
La ferme volonté de votre famille de conserver son indépendance, au fil des siècles, a-t-elle nécessité des décisions très difficiles ?
> A.G. : Dans ma génération - et je ne peux parler que pour la mienne - je n'ai pas été mis au courant d'autres aspirations.
La transmission de votre entreprise à un membre de votre famille est-elle régit par des règles clairement établies ?
> A.G. : Oui, mais pas à un membre de la famille en particulier, mais d'une génération à l'autre. Cette transition passe également par la gestion professionnelle de la banque et des membres indépendants de notre conseil d'administration.
La nouvelle génération est-elle déjà dans l’entreprise ?
> A.G. : Oui. Nous sommes fiers d’avoir depuis quelques années deux membres de la 7e génération dans notre équipe. (Sur un total de 14). Ils sont tous dans la trentaine.
Auriez-vous un message à communiquer à toutes celles et ceux qui voudraient se lancer dans la création de leur entreprise familiale ?
> A.G. : Concentrez-vous sur ce que vous savez faire le mieux pour proposer vos propres solutions à certains de vos clients. Une seule approche ne convient pas obligatoirement à tous.