Notre métier est celui de triturateurs de produits végétaux aromatiques naturels à usage alimentaire, santé et cosmétique
M. Jean THIERCELIN, vous êtes l'un membre français de l’Association "Les Henokiens". Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
> Jean THIERCELIN : J’anime avec mon épouse Enriqueta l’entreprise familiale fondée en 1809 par Jean Thiercelin, premier du nom, vigneron tonnelier de son état à Pithiviers-en Gâtinais dans le Loiret (100 km de Paris).
Pouvez-vous nous présenter votre entreprise et ses activités ?
> JT. : Notre métier est celui de triturateurs de produits végétaux aromatiques naturels à usage alimentaire, santé et cosmétique. Nous travaillons un vaste panel d’origine végétale aux couleurs, senteurs et saveurs rares tel que les épices, les plantes aromatiques, les fleurs, et les fruits que nous offrent dame nature. Nous transformons ces ingrédients naturels pour les mettre en valeur et les commercialiser sous différentes formes selon les utilisations, leurs caractéristiques organoleptiques ou leurs vertus médicinales.
Pour maintenir un haut niveau de qualité dans le respect du produit nous travaillons en direct avec les fermiers et producteurs dans une collaboration éthique et une relation gagnant-gagnant. Nous nous adressons en direct à des consommateurs avertis et exigeants qu’ils soient professionnels ou particuliers. Nous sommes d’ardents défenseurs de la qualité, de l’authenticité et du naturel.
Quels sont, pour votre entreprise, les faits marquants de ces dernières années ?
> JT. : Notre entreprise a connu des hauts et des bas et n’a pas échappé aux aléas des évènements historiques (guerres européennes, crises économiques) et aux vicissitudes des histoires familiales comme tout un chacun. Malgré cela il s’est toujours trouvé un des fils pour relever le défi depuis 6 générations. Nous sommes maintenant dans une phase de consolidation et de préparation de l’avenir pour la nouvelle génération après l’ouverture de notre nouvelle manufacture à Combs-la-Ville en Seine et Marne à 60 km de Paris.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vos projets majeurs à plus ou moins long terme ?
> JT. : L’un de nos grands challenges à venir est de réussir le passage de relais à la septième génération dans un contexte difficile à plus d’un titre.
Notre secteur d’activité étant l’ingrédient de qualité, nous sommes confrontés à des problématiques complexes tant liées à l’offre qu’à la demande dans un environnement en pleine mutation.
Depuis une vingtaine d’années maintenant, nous nous tournons de plus en plus vers le consommateur final avec l’ambition de démocratiser et facilité l’accès à des produits de qualité authentique. Nous vivons une époque où il faut aller chercher le consommateur ; partir à sa rencontre et lui offrir une expérience nouvelle de consommation, de produits de qualité, innovants et développeurs de plaisir qui l’incitera à consommer de nouveau, et le faire partager autour de lui.
Cela représente un fort travail marketing et de communication autour de la qualité, exercé sur des cibles précises. Un exercice qui est rendu possible grâce notamment au développement d’outils marketing de pointe et d’une vente en ligne innovante (www.thiercelin1809.com).
Enfin, depuis 5 ans le groupe investit dans un tout nouveau domaine : les nouvelles technologies et solutions informatiques.
Un domaine que nous pensons être très porteur pour les années à venir à travers notre jeune branche Flying Pig (www.flyingpigsolutions.com). C’est le fruit et l’initiative de mon fils Arnaud, qui a su imaginer, construire et maintenir ce grand projet depuis ses prémices.
Aujourd'hui, cet investissement bénéficie directement à l’entreprise notamment grâce à la mise en place de nouveaux outils informatiques devenus de véritables atouts technologiques.
Quelles sont les raisons qui peuvent expliquer la longévité de votre entreprise ?
> JT. :
L'extraordinaire longévité de votre entreprise constitue-t-elle un argument dans la relation avec vos clients ?
> JT. : Nous avons la prétention de le penser même si cela ne pèse pas toujours très lourd dans les négociations commerciales. Il faut expliquer que ce n’est pas du marketing. C’est une démarche qui intègre la défense du produit authentique par un commerce durable et équitable en partenariat avec des producteurs qui partagent nos valeurs et la promotion, à l’exportation, de la qualité française. C’est-à-dire le respect du produit, du fournisseur et du client.
Les valeurs traditionnelles qui font la force de votre entreprise constituent-elles également un atout en matière de recherche et d’innovation ?
> JT. : Oui, nos ressources sont limitées (en temps et financièrement) ce qui nous pousse à nous surpasser et à utiliser toutes les synergies possibles pour consolider nos marchés et en ouvrir de nouveaux. A titre d’exemple nous avons mis au point récemment une gamme de sirops d’épices et de glaces originales de très grande qualité.
Quels sont, selon vous, les pièges les plus importants auxquels votre entreprise doit faire face pour conserver son indépendance ?
> JT. : Il faut savoir maîtriser son développement et ne surtout pas pratiquer le principe de "la table rase", évoluer plutôt que révolutionner. En terme financier d’une part car nous n’avons pas le droit à l’erreur ne dépendant que de nos propres moyens, mais également en terme de ressources humaines pour être en mesure d’intégrer des collaborateurs soucieux de partager cette aventure au quotidien qu’est l’entreprise, dans un contexte particulier qui est celui d’une famille, avec ses valeurs et ses aléas.
La volonté de votre famille de garder l’entreprise indépendante a-t-elle nécessité au fil des siècles des choix difficiles. Si oui, pouvez-vous nous en citer quelques uns ?
> JT. : Lors de différends entre les actionnaires familiaux il a fallu se séparer d’activités comme celle des produits cosmétiques à base d’algues entre les deux guerres. Il a fallu céder du patrimoine pour faire face aux besoins financiers de l’entreprise et redémarrer pratiquement de zéro après les conséquences de séparations et de décès, de transmissions mal préparées.
La transmission de votre entreprise à un membre de votre famille est-elle régit par des règles clairement établies ?
> JT. : Non, il n’y a pas de règle clairement établie. Pour le moment nos trois fils ont intégré le groupe familial. Jean-Philippe et David, les aînés ont intégré l’activité Thiercelin et Arnaud le dernier gère le développement de notre nouvelle branche Flying Pig.
Nous avons structuré, il y a quelques années, le groupe familial pour nous permettre de gérer au mieux des contraintes françaises de passage de relais entre générations.
Auriez-vous un message à communiquer à toutes celles et ceux qui voudraient se lancer dans la création de leur entreprise familiale ?
> JT. : Le plus grand tissu d’entreprises françaises est constitué d’entreprises familiales (artisans, commerçants et prestataires de services). Il serait temps, d’ailleurs, que l’Opinion, l’Administration et les Médias les considèrent un peu plus. L’entreprise familiale exige beaucoup mais apporte la satisfaction de dominer sa destinée professionnelle. Elle demande une grande tolérance et une harmonie pour que chacun apporte son talent, le meilleur de soi, sa volonté de réussir car il est vrai que l’union fait la force